Formation initiale sous statut d’apprenti

LISTE DES FORMATIONS D’INGÉNIEURS PAR LA VOIE DE L’APPRENTISSAGE

La possibilité d’obtenir le titre d’ingénieur par la voie de l’apprentissage est relativement récente. Il s’agit même d’une spécificité française.

Longtemps centré sur la préparation du CAP, l’apprentissage en France s’est progressivement ouvert à tous les diplômes et titres homologués de la voie professionnelle et technologique jusqu’au supérieur grâce à la loi Séguin du 23 juillet 1987.

Cette loi, en consacrant l’apprentissage comme un système de formation à part entière, représentait la plus importante réforme de l’apprentissage depuis la loi Delors de juillet 1971.

Pour autant, l’appareil de formation des ingénieurs n’a réagi que lentement aux dispositions que lui ouvrait cette loi puis celle du 17 juillet 1992 affirmant distinctement la possibilité d’ouvrir à l’apprentissage les formations d’ingénieurs .

Les premières formations d’ingénieurs par la voie de l’apprentissage ont été habilitées en 1989-1990 à la suite du rapport Decomps préconisant la création de nouvelles formations d’ingénieurs mais, en 1996, moins de 1 800 ingénieurs étaient diplômés par cette voie.

Le développement de cette voie d’accès au diplôme d’ingénieur a connu plusieurs phases avant de s’imposer dans le dispositif de formation initiale d’ingénieurs, représentant aujourd’hui plus de 15% des ingénieurs diplômés.

Les origines de l’apprentissage : la création des NFI (Nouvelles Formations d’Ingénieurs) en 1990

Si le premier diplôme d’ingénieur par la voie de l’apprentissage a été créé par le CESI en 1989, c’est le rapport Decomps (juillet 1989) qui a donné une impulsion à ce dispositif en préconisant la création de “Nouvelles Formations d’Ingénieurs” (NFI) pour répondre à une double demande des entreprises :

  • former rapidement des ingénieurs à profil nouveau plus ouverts à la technologie, à la production et au management des équipes
  • offrir une réponse sociale à la demande d’évolution des bacs + 2

Le dispositif NFI préconisé affichait à l’origine ses spécificités par rapport aux formations d’ingénieurs traditionnelles :

  • un dispositif destiné principalement à la formation continue des bacs + 2 ayant acquis au moins cinq ans d’expérience professionnelle, mais également ouvert en formation initiale
  • un profil nouveau d’ingénieurs plus ouverts à la technologie, à la production et au management des équipes
  • une pédagogie originale et majoritairement inductive, bien adaptée au public visé, s’appuyant sur une interaction forte entre la formation en situation dans l’entreprise (personnalisée et encadrée) et la formation académique (collective mais encadrée par un tuteur académique) : cette alternance devant correspondre à un véritable parcours pédagogique convenu d’un commun accord et ne devant en aucun cas être un stage d’application sans objectif pédagogique défini.
  • des formations reposant sur un partenariat fort entre un partenaire académique et un partenaire industriel : partenariat formalisé sous forme d’une structure (principalement ITII, Instituts des Techniques d’Ingénieur et de l’Industrie, créés à l’initiative de l’UIMM et d’autres organisations professionnelles)
  • un titre d’ingénieur affichant sa spécificité par rapport au titre standard (ingénieur des techniques de l’industrie)

Si la possibilité d’accéder à ces diplômes était ouverte en formation initiale sous statut d’apprenti, sur les mêmes principes pédagogiques de l’alternance, cette voie ne constituait pas à l’origine la voie prioritaire d’accès à ces nouveaux diplômes.

Au début des années 1990, la voie de la formation continue était prédominante dans ces nouvelles formations.

Le tournant du milieu des années 1990

Le milieu des années 90 marque un tournant dans le développement de l’apprentissage au niveau ingénieur avec une évolution dans deux directions.

  • Développement de l’apprentissage au sein des NFI (qui deviennent les FIP) au détriment de la formation continue

Le milieu des années 90 marque, pour les NFI, le point de départ de plusieurs évolutions majeures par rapport aux principes de départ de ces filières.

Conçues pour répondre prioritairement à un besoin de formation continue diplômante pour des techniciens de niveau bac + 2, reconnus comme possédant un bon potentiel d’évolution, et ayant au moins cinq années d’expérience professionnelle, les nouvelles formations d’ingénieurs sont devenues progressivement – en terme d’effectifs – essentiellement des formations initiales par apprentissage, faute de croissance en effectifs qui avait été prévue pour la formation continue.

Confrontée à la multitude des appellations des diplômes délivrés, la CTI se prononce, dans R&O 2000, pour un titre mieux adapté comportant 4 mentions :

  • 1ère mention : Ingénieur des techniques de l’industrie (ou de l’Agriculture, ou du Bâtiment et des Travaux Publics)
  • 2ème mention: Diplômé de l’Ecole
  • 3ème mention : Spécialité
  • 4ème mention : Structure de partenariat

Quelques années plus tard, la mention « Ingénieur des techniques de l’industrie » faisant référence explicitement à un profil d’ingénieur différent des diplômés traditionnels est abandonnée.

L’intitulé du diplôme sanctionnant ces formations comporte aujourd’hui trois mentions :

  • 1ème mention : diplômé de l’Ecole…,
  • 2ème mention : spécialité
  • 3ème mention : structure de partenariat lorsque celle-ci est formalisée

En cohérence avec cette évolution et l’importance accordée à l’existence d’un partenariat formalisé, le vocable de FIP – formation d’ingénieur en partenariat – se substitue au vocable de NFI.

  • Ouverture à l’apprentissage de diplômes déjà habilités en formation initiale sous statut d’étudiant

C’est au milieu des années 90, que cette voie spécifique de formation a été proposée comme accès à des diplômes déjà habilités sous statut étudiant : étudiants et apprentis se voyant alors délivrer le même diplôme sans mention de la voie d’accès à ce diplôme.

L’INA PG et l’EFPG (école interne à Grenoble INP devenue aujourd’hui PAGORA) ont été parmi les premières écoles à ouvrir ainsi l’accès à leur diplôme par cette voie.

Bien que réservée, la Commission des Titres d’Ingénieurs a permis que cette expérience pédagogique soit menée en la limitant à un nombre restreint d’écoles et sous réserve que soient réalisées certaines conditions énoncées dans le document “Référentiel et Orientation” de 1995.

Les apprentis formés par cette voie au sein d’une promotion accueillant par ailleurs des étudiants ne devaient pas représenter plus de 20% de cette promotion.

En 2004, 19 écoles avaient ainsi ouvert la préparation de leur diplôme traditionnel à la voie de l’apprentissage et 400 ingénieurs étaient diplômés par cette voie (1,5% des ingénieurs diplômés en formation initiale).

En moyenne, 19% des ingénieurs diplômés de ces écoles étaient passés par cette voie.

Ecoles ayant ouvert leur diplôme à l’apprentissage en 2004

3iL, EFPG, EIPI-ISPA, ENSAIT, ENSERG, ESA, ESCOM, ESIGELEC, ESIM (intégrée dans Centrale Marseille), ESITC, ESME Sudria, ESTIA, INA PG, ISAB, ISEP, ITECH, Polytech’Grenoble, SupOptique

Depuis 2005 : forte expansion du dispositif

A partir de 2005, le nombre d’habilitations par la CTI de formations d’ingénieurs par la voie de l’apprentissage a considérablement augmenté qu’il s’agisse :

  • de créations nouvelles en formation initiale, exclusivement sous statut d’apprenti,
  • ou d’ouverture à l’apprentissage de diplômes déjà habilités sous statut étudiant.

Plusieurs chiffres pour illustrer cette expansion :

  • Plus de 220 titres d’ingénieurs diplômés accessibles par la voie de l’apprentissage
  • 15 856 apprentis poursuivaient des études d’ingénieur en 2012/2013 contre 1 700 en 1995/1996.
    • Soit, 12% d’apprentis parmi les effectifs en formation initiale d’ingénieurs en 2012 contre 5% en 2000

Cette expansion s’est inscrite dans le plan de relance de l’apprentissage du gouvernement qui s’est traduit par

  • un ensemble de mesures importantes adoptées dans la loi de programmation pour la cohésion sociale du 18 janvier 2005 qui visait l’objectif de 500 000 apprentis en 2009
  • en parallèle, une modification du financement des CFA par la loi de finances pour 2005.
  • un cadre réglementaire incitant les entreprises de plus de 250 salariés à embaucher des apprentis (article 16 de la loi du 31 mars 2006 dite « égalité des chances »)

Elle vise également à pallier la raréfaction du vivier des jeunes qui s’orientent vers des études d’ingénieurs, et à répondre aux besoins d’ingénieurs dans des métiers parfois délaissés par les ingénieurs « traditionnels » tels que la production, notamment dans les PME, mais aussi au souci des écoles de diversifier leurs recrutements.

Cette forte croissance s’est accompagnée d’une diversification des profils d’ingénieurs visés par cette voie et des schémas pédagogiques.

Dans l’offre de formations par apprentissage aujourd’hui proposée, il est possible de distinguer trois catégories de diplômes accessibles par la voie de l’apprentissage.(En savoir plus : en construction)

Trois grandes catégories de diplômes d’ingénieurs délivrés par la voie de l’apprentissage

 

Dans l’offre de formations par apprentissage aujourd’hui proposée, il est possible de distinguer trois grandes catégories de diplômes accessibles par la voie de l’apprentissage.

  • 1er ensemble : titres d’ingénieur délivrés, en formation initiale, sous statut étudiant et sous statut apprenti (ouverture du diplôme à l’apprentissage)

Ce schéma – expérimenté au milieu des années 90 – connaît depuis quelques années une forte expansion.

Il consiste pour les écoles déjà habilitées à délivrer un diplôme en formation initiale sous statut d’étudiant, à ouvrir ce diplôme à une nouvelle voie de formation : l’apprentissage.

Le référentiel de compétences est unique. Il n’y a pas dans ce cas de nouveau titre d’ingénieur.

Le même diplôme est délivré aux étudiants et aux apprentis. La voie qui conduit à la délivrance du diplôme ne figure pas dans l’intitulé de celui-ci.

Cette voie de l’apprentissage peut être limitée : soit, à certaines spécialités ouvertes sous statut étudiant, soit, à certains parcours (options, filières) au sein d’un diplôme ouvert sous statut étudiant.

  • 2ème ensemble : titres d’ingénieur délivrés en formation initiale, exclusivement sous statut d’apprenti, dans une nouvelle spécialité non habilitée sous statut étudiant, et sans mention d’une structure de partenariat dans l’intitulé du diplôme (FISA : formation d’ingénieur de spécialité par apprentissage)

Ce schéma consiste pour les écoles déjà habilitées à délivrer un(ou plusieurs) diplôme(s) en formation initiale sous statut d’étudiant à ouvrir une spécialité, par la voie de l’apprentissage, visant de nouvelles compétences et métiers.

Il s’agit là d’un nouveau titre d’ingénieur diplômé, faisant mention de la spécialité et se distinguant des autres titres par l’intitulé de cette spécialité.

  • 3ème ensemble : titres d’ingénieur délivrés en formation initiale sous statut d’apprenti et en partenariat avec une structure clairement identifiée dans l’intitulé du diplôme (FIPA : formation d’ingénieur en partenariat par apprentissage)

Ce schéma, le plus ancien, est celui qui a été adopté dès l’origine des formations d’ingénieurs par apprentissage : ces formations alors dénommées NFI (Nouvelles Formations d’Ingénieurs) sont devenues par la suite les FIP (Formations d’Ingénieurs en Partenariat).

Il consiste pour les écoles déjà habilitées à délivrer un(ou plusieurs) diplôme(s) en formation initiale sous statut d’étudiant à ouvrir, en partenariat avec une structure bien identifiée, une spécialité nouvelle sous statut d’apprenti visant de nouvelles compétences et métiers.

Il s’agit là d’un nouveau titre d’ingénieur se distinguant du ou des autres titres d’ingénieur délivré(s) par un établissement à la fois par l’intitulé de la spécialité et la mention de la structure de partenariat (majoritairement un ITII).

La spécificité des formations regroupées dans cet ensemble est le partenariat développé pour la mise en oeuvre de l’apprentissage avec des entreprises fédérées au sein de leur organisation professionnelle.

L’exemple type de ces structures fédératives intervenant dans le développement des formations d’ingénieurs par la voie de l’apprentissage est celui des ITII (Institut des Techniques d’Ingénieur de l’Industrie).

Les Instituts des Techniques d’Ingénieur de l’Industrie ont été créés à partir de 1990 dans chaque région à l’initiative de l’UIMM et d’autres organisations professionnelles pour répondre aux besoins des entreprises.

Ce partenariat se traduit par une implication des milieux professionnels

  • dans la construction des parcours de formation, la définition des enseignements et leur équilibre (une charte définit les exigences)
  • et dans l’évaluation des apprenants à chaque étape clé de la formation (admission, validation des acquis, projet de fin d’études, délivrance du diplôme) puisque cette évaluation est conduite par un jury composé à parité de représentants des milieux professionnels et des partenaires pédagogiques.

La Conférence des ITII assure au niveau national la coordination des formations (conditions d’admission, programmes, méthodes pédagogiques..).